5 juillet 1962 : le jour où l'Algérie devient indépendante
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L'Algérie devient officiellement indépendante le 5 juillet 1962. Mais pourquoi cette date plutôt que le 3 juillet, jour de la reconnaissance officielle par la France ? Ce choix n'est pas un hasard. Elle renvoie symboliquement à la prise d'Alger par les Français le 5 juillet 1830, marquant ainsi la fin de 132 années de colonisation.
Le 5 juillet 1962 dans la liesse populaire
Partout en Algérie, le 5 juillet 1962 donne lieu à des célébrations spontanées. Dans les rues, les drapeaux algériens s’élèvent fièrement, les chants patriotiques retentissent, et la population célèbre avec enthousiasme la fin d’une longue guerre.
Cependant, toutes les villes algériennes ne vivent pas cette journée de la même façon. Pendant qu'Alger reste relativement calme, Oran connaît une situation bien différente. Cette ville portuaire est en effet la seule à ne pas avoir trouvé d'accord entre le FLN et l'OAS, créant une tension explosive qui va tourner au drame.
Le massacre du 5 juillet 1962 à Oran
Depuis mars 1962, Oran vit dans un climat de peur. Les attentats de l'OAS se multiplient, et les luttes internes entre les différentes factions du FLN et de l'ALN créent un chaos permanent. La ville devient alors un baril de poudre prêt à exploser.
Le matin du 5 juillet, une fusillade éclate place d'Armes. Cette première violence déclenche une panique générale qui va dégénérer en massacre. Des groupes armés composés de membres de l'ALN, de l'ATO et de civils prennent pour cible les Européens ainsi que les pro-français.
Le général Katz, qui commande les troupes françaises, reçoit l'ordre de garder ses hommes en caserne. Les accords d'Évian interdisent à l'armée française d'intervenir, même face aux massacres qui se déroulent dans les rues d'Oran.
Les violences durent près de six heures, jusqu'à 17 heures, avant qu'une intervention militaire mette fin au carnage. Les corps sont ensuite transportés au lieu-dit "Petit-Lac" où ils sont recouverts de chaux.
Les chiffres restent flous aujourd'hui encore. Les chiffres officiels font état de 145 morts, mais certaines sources avancent un bilan allant jusqu’à 600 ou 700 victimes et disparus. Jean Monneret, Maurice Faivre et le rapport remis à Villepin documentent 453 enlèvements à Oran ainsi que plusieurs centaines de morts ou disparus.
Cette différence dans les chiffres s'explique notamment par la confusion du moment et la volonté de certains de minimiser l'ampleur des massacres. L’historien Amar Mohand Amer, quant à lui, met en avant l’absence totale d’autorité ce jour-là, soulignant que ni le FLN ni l’armée française n’étaient en mesure d’intervenir.
Un héritage qui perdure
Pendant longtemps, on considère les événements d'Oran comme un sujet tabou. Jusqu'en 2012, on parle encore du "massacre oublié". Le Monde évoque un "vide historique" et recommande un travail de mémoire pour clarifier cette période sombre. En janvier 2022, le président français reconnaît officiellement ces massacres, évoquant la nécessité d'une mémoire partagée entre la France et l'Algérie. Cette reconnaissance marque alors une étape importante dans le travail de réconciliation entre les deux pays.
Le 5 juillet est toujours la fête nationale de l’Algérie, reconnue officiellement depuis 1963 et confirmée en 2005. Le Stade du 5-Juillet-1962 à Alger, avec ses 64 000 places, commémore chaque année cette date historique.
Cette journée du 5 juillet 1962 résume toute la complexité de l'indépendance algérienne. Entre la joie d'un peuple qui retrouve sa liberté et la tragédie d'Oran, elle montre que l'histoire n'est jamais simple. Comprendre ces événements reste donc essentiel pour construire une mémoire partagée et apaisée entre la France et l'Algérie.